S’il est un mal remarquablement cultivé par l’ancien système et dont on ne peut pas se défaire aisément, c’est bien la corruption. Omniprésente et profondément ancrée dans les mœurs économiques et politiques, la corruption continue à sévir et à faire obstacle à la pleine émergence de la Nouvelle république tant espérée par les citoyens.
Pots-de-vin, fraude, clientélisme, népotisme, extorsion de fonds, trafic illicite, évasion fiscale…ces vices honnis et dénoncés par les Algériens sont toujours d’actualité malgré la vaste offensive judiciaire contre la corruption menée depuis la chute de Bouteflika et qui s’est soldée par l’emprisonnement d’une cohorte de haut-fonctionnaires et de « capitaines d’industrie » . En 2020, l’Algérie est placé au 104e rang sur 180 du classement « indice de perception de la corruption » de l’ONG Transparency International,très loin derrière la Tunisie le Maroc. En 2021, elle est classée à la 162e place au classement de l’indice de liberté économique.
L’enchaînement de ces mauvais classements montre que la moralisation de la vie publique et politique revendiquée par le mouvement populaire de février 2019 n’a pas encore eu lieu malgré les multiples procès engagés contre plusieurs réseaux de corrompus. La corruption généralisée et systémique est un sérieux problème en Algérie.
En plus de fragiliser l‘économie nationale, de marginaliser les compétences et de promouvoir la canaille, elle jette le discrédit sur l’Etat et menace la sécurité nationale. Rien ne peut réussir dans le pays, si la corruption continue à régenter les marchés publics, les entreprises et tout ce qui bouge dans le pays.
La cohésion sociale, le renforcement du front intérieur, la bataille du développement et le rêve national ne peuvent s’accommoder avec ce fléau, mère de tous les vices. Un avant-projet de loi portant organisation, composition et fonctionnement de la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux a été examiné en fin de semaine passée par le gouvernement lors de sa réunion hebdomadaire.
Ce texte qui mettra l’actuel cadre juridique en adéquation avec les nouvelles dispositions de la révision constitutionnelle du 1er Novembre 2020 a pour but de consacrer la transparence et d’améliorer le climat des affaires et de l’investissement. Cette nouvelle instance qui verra le jour certainement au courant du premier semestre de 2022 parviendrait-t-elle à réduire de la nuisance de ce fléau endémique ? Parviendra-t-elle à rehausser l’image de l’Algérie en lui évitant les places honteuses dans les classements mondiaux relatifs à la corruption ?
Pour que l’Algérie Nouvelle soit une réalité, l’année 2022 doit être l’année de la lutte résolue contre la corruption et de la concrétisation de l’engagement du président de la République portant sur la moralisation de la vie publique et politique.