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Le statut juridique de l’activité des « influenceurs » soulève des interrogations

Son nom était pourtant évocateur et rime avec Watergate. Cela n’a pas empêché des jeunes algériens et leurs parents de tomber dans le piège de cette société fictive, qui se fait appelée «Future Gate », et dont la publicité sur les réseaux sociaux a été assurée par un groupe d’influenceurs. Loin d’être « une porte vers l’avenir », cette escroquerie a trompé au moins 75 étudiants et mené à l’interpellation d’une dizaine de personnes dont des influenceurs.

« Sur le plan juridique, il y a un vide qu’il faut absolument combler pour protéger ces personnes. Il faut créer un code déontologique qui permette aux influenceurs de respecter les principes de transparence et de s’assurer que leur publicité ne soit pas illicite. Ceci pourra également protéger les influenceurs de bonne foi », explique le Pr Ali Mebroukine, spécialiste en droit pénal des affaires. Selon lui, la portée inédite de cette affaire montre la nécessité d’adapter la loi algérienne et de mettre en place une charte éthique pour guider l’activité publicitaire des influenceurs. 

La police a procédé à l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans cette arnaque. Des extraits de leurs interrogatoires filmés ont été diffusés dans les médias. On y voit, entre autres, des influenceurs avouer qu’ils ont perçu d’importants montants, en dinars et en devises, pour faire la promotion des services de l’agence incriminée. Or, aux yeux de la loi, « l’auteur principal du délit et le complice sont au même pied d’égalité », rappelle l’expert en droit pénal.

 « Association de malfaiteurs, traite d’êtres humains, violation de la législation relative aux mouvements de fonds vers et depuis l’étranger, abus de confiance, recel… Les chefs d’inculpation retenus contre eux sont lourds et sévèrement punis par la loi », commente Ali Mabroukine, qui prévient que « les sommes d’argent perçues peuvent également peser sur le verdit ». Le spécialiste soulève également le cas de l’une des influenceuses impliquées qui est mineure. Pour le moment, la police l’a placée sous contrôle judiciaire. Il se demande dans quelle mesure « peut-on autoriser des mineurs à être des influenceurs ? ». 

Plus qu’un faux cursus universitaire, l’arnaque est basée sur le désir qu’ont de nombreux étudiants algériens de tenter l’aventure de l’immigration. « Ces étudiants n’étaient pas tous tentés par des études à l’étranger, mais par l’envie d’aller à l’étranger », analyse le sociologue Zemmour Zinedine de l’Université d’Oran. C’est cette opportunité qui a attiré les victimes dans les filets des auteurs de l’arnaque. Selon lui, « prolonger leurs études à l’étranger est la solution idéale à ce dilemme. »

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