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Pourquoi il faut penser que la France est un tournant historiquement décisif au Sahel

Rien ne va plus pour la France au Sahel. Il faut penser que l’Elysée n’a plus le contrôle de beaucoup de choses dans la région, que les cartes sont en train de changer de main et que de nouveaux acteurs prennent désormais le relais de la donne sécuritaire. 

Pendant un certain temps, Paris comptait sur les populations locales pour mettre en minorité les nouveaux chefs qui ne lui sont pas alliés, notamment au Mali ; là encore, les données ont changé et les populations locales, tant au mali qu’au Burkina Faso, ou la destitution du président Kaboré, un proche de l’Elysée, a été ressenti comme un séisme au cœur de la « françafrique ».

Le Mali demande au Danemark de retirer “immédiatement” ses troupes du pays 

Le Mali a fait savoir lundi qu’il avait demandé au Danemark de retirer immédiatement ses soldats déployés dans le pays dans le cadre d’une mission de lutte antiterroriste dirigée par la France, disant ne pas avoir été consulté et reprochant à ce déploiement de n’avoir pas respecté le protocole.

Dans un communiqué, le gouvernement malien exprime son “étonnement” quant au “déploiement sur son territoire d’un contingent des forces spéciales danoises au sein de la force Takuba”.

Il déclaré que ce déploiement a été opéré sans son consentement et sans tenir compte des protocoles en place, et il a demandé au Danemark de retirer immédiatement ses soldats, selon la Tribune.

Cette décision intervient dans un contexte de tensions entre Bamako et ses partenaires internationaux depuis deux coups d’Etat militaires. L’Union européenne (UE) a imposé des sanctions contre le Mali après que le gouvernement de transition a reporté les élections prévues le mois prochain.

Le Danemark a envoyé environ 90 personnes au Mali, dont des médecins et des membres des forces spéciales, selon un communiqué publié lundi sur le site internet du ministère danois de la Défense. Le Mali dénonce la violation de son espace aérien par un avion militaire français. Les autorités maliennes ont dénoncé une “violation manifeste” de leur espace aérien par un avion de l’armée française, le 11 janvier 2022.

“Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’un aéronef de l’armée française de type A400, immatriculé FRBAN, a effectué un vol sur le trajet Abidjan – Gao – Abidjan, dans la journée du mardi 11 janvier 2022″, a indiqué le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga.

“Ledit aéronef qui était en violation manifeste de l’espace aérien, ajoute le responsable malien, avait à la fois éteint son transpondeur pour ne pas être identifié et coupé la communication avec les organismes maliens de contrôle aérien”.

“En dépit de cette manœuvre frauduleuse, les capacités de défense nationale récemment acquises ont permis d’identifier et de tracer la trajectoire de l’avion”, a affirmé le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

“En conséquence le gouvernement a dénoncé cette violation de l’espace aérien du Mali auprès des autorités françaises qui ont, au demeurant, décidé de soutenir les sanctions de la CEDEAO parmi lesquelles figure la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ses pays avec le Mali”.

“A titre de rappel, le gouvernement du Mali a, aussi, en application de la réciprocité suite aux sanctions imposées par la CEDEAO, procédé à la fermeture de ses frontières avec les pays membres de la CEDEAO, excepté la Guinée”. “Aussi, le gouvernement, tout en prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, décline toute responsabilité relative aux risques auxquels les auteurs de ces pratiques pourraient s’exposer, en cas de nouvelles violations de notre espace aérien”, a-t-il averti. Enfin le gouvernement du Mali invite les populations à redoubler de vigilance et à rester mobilisées

Au Burkina Faso, les populations locales ont déjà tourné la page Kaboré

Après l’annonce de la destitution de Roch Kaboré, les populations locales ont manifesté dans les rues et apporté un soutien populaire extraordinaire à la junte. Dans un autre volet, l’armée du Burkina Faso a affirmé lundi soir avoir « mis fin au pouvoir de Roch Kaboré ». Dans un communiqué lu à la télévision nationale par des officiers en uniforme, l’armée a, également, annoncé avoir suspendu la Constitution et dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale, tout en s’engageant au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable ».

Lisant un communiqué signé du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) qui assure désormais le pouvoir, un capitaine a également annoncé la fermeture des frontières à compter de 00 h (GMT et locales).

Les militaires ont assuré avoir pris le pouvoir sans effusion de sang. Ils ont également noté que les personnes arrêtées se trouvent en lieu sûr. Un couvre-feu est instauré de 21h à 5h.

Le putsch de lundi plonge la région dans l’inconnu. La position de la France, déjà en froid avec le Mali, est de plus en plus intenable.

Rien n’a pu empêcher le scénario catastrophe, au Burkina Faso. Ce lundi, des soldats en treillis ont pris l’antenne de la télévision nationale et annoncé, face caméra, la destitution du président Kaboré, enlevé quelques heures plus tôt. Le nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, rejoint le club – de moins en moins sélect – des jeunes putschistes qui sévissent dans la région depuis l’été 2020. La série noire a commencé au Mali, victime d’un premier coup d’Etat le 18 août, suivi d’un second, neuf mois plus tard, téléguidé par le même colonel Assimi Goïta, 39 ans, las de partager le pouvoir avec les civils. Entre-temps, au Tchad voisin, un officier de 38 ans a cru bon de prendre la succession de son père à la présidence, au mépris de la Constitution. Vint ensuite la Guinée, dirigée depuis septembre par un quadra en képi, toujours, selon la formule consacrée, « dans l’intérêt supérieur de la Nation ». 

Ces dernières semaines, tous les observateurs alertaient en choeur : le prochain sur la liste serait le Burkina Faso, en proie depuis six ans aux groupes djihadistes. Les forces de sécurité manquent de tout pour combattre les terroristes. Au lendemain de l’attaque qui a coûté la vie à 53 gendarmes, le 14 novembre, à Inata (au nord du pays), les révélations sur leurs conditions de vie avaient choqué l’opinion publique. Dans les jours précédant l’assaut, les hommes, affamés, n’avaient eu d’autre choix que de chasser pour se nourrir. Face à la colère de l’armée, le président a gagné du temps en annonçant, à la mi-décembre, un remaniement gouvernemental. Mais le répit fut de courte durée et voilà le pays à son tour aux mains de la soldatesque. « Le variant Assimi Goïta se propage dangereusement ! ».

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