La crise sanitaire liée au coronavirus qui affecte désormais toute la population mondiale engendrant une crise logistique jamais vécue, tout cela combiné à des conditions météorologiques défavorables, ont entraîné une flambée des prix agricoles.
La facture alimentaire s’annonce de plus en plus salée pour le citoyen qui confronté à une montée en flèche des prix des énergies domestiques et des prix des pièces de rechange des véhicules, ne sait plus où donner de la tête.
Le mercure frise la maximale et le thermomètre risque même d’exploser au niveau mondial comme l’indique le sous-indice des matières premières de Bloomberg qui a progressé de 28 % en un an.
Avec la flambée des matières premières, les fonds indiciels spécialisés sur les métaux et les produits agricoles ont suscité un vif intérêt en 2021. Ils ont drainé environ 10 milliards de dollars supplémentaires, selon les calculs consignés dans Bloomberg Intelligence. Le retour de l’inflation a rendu certains instruments très attractifs pour les investisseurs en quête de protection contre la hausse des prix.
La hausse des matières premières s’explique d’abord par un déséquilibre entre l’offre et la demande. En raison d’une série d’accidents climatiques, la production n’a pas toujours été au rendez-vous alors que la consommation, elle, n’a pas faibli. Ce qui est le cas du blé principalement, propulsé à plus de 300 euros la tonne sur le marché parisien après le dôme de chaleur en Amérique du Nord et les pluies diluviennes qui ont entravé cet été les travaux de moissons en Europe de l’Ouest et dégradé la qualité des grains récoltés.
Pendant ce temps, l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC) avait révisé à la hausse le taux autorisé de grains punaisés, qui est passé de 0,5% à 1%, cette modification a permis à l’Algérie de diversifier ses fournisseurs, notamment la Russie, un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de blé (20 % du commerce mondial du grain), et qui veut un débouché pour son produit sur le marché nord-africain.
Cette modification du cahier des charges pour l’achat de blé effectuée par l’Algérie, les relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris et cette montée de la demande au niveau mondial a fait que les exportations françaises de blé vers l’Algérie ont fortement baissé.
La France, qui était depuis longtemps le principal fournisseur en blé tendre de l’Algérie, avec 4 à 6 millions de tonnes par an, a vu ses parts de marché diminuer fortement ces dernières années. Selon les médias spécialisés français, la France a exporté moins de 1,2 millions de tonnes à fin décembre 2021 (mi-campagne), contre 2 à 4 millions de tonnes en année normale à la même date.
Paradoxalement, la Russie a repris ses exportations de lé vers l’Algérie en juin dernier avec une première cargaison de 28 500 tonnes, puis deux cargaisons de 60 000 tonnes en octobre et enfin 250 000 tonnes en décembre dernier selon l’USDA, département américain de l’agriculture.
Il reste que globalement, l’approvisionnement en blé du marché algérien est principalement satisfait par l’Union européenne (UE). Selon les données de l’USDA, les pays de la zone économique ont expédié en 2020/2021, près de 6 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie, soit plus de 90 % des cargaisons. Sur la saison précédente, l’Allemagne était le premier fournisseur européen de l’Algérie.
La deuxième raison de la baisse des exportations de blé français vers l’Algérie est liée aux relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris, particulièrement durant le dernière trimestre de l’année dernière. Suite aux propos du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie en octobre dernier, Alger avait rappelé son ambassadeur à Paris. Le dialogue entre les deux pays a repris après la visite en décembre dernier du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et l’ambassadeur de l’Algérie à Paris a regagné son poste que début janvier en cours.
Si l’Algérie a décidé de rouvrir son marché pour les génisses et bovins français, après une suspension de plus d’une année. Elle continue de bouder son marché de blé. Preuve en est : l’origine française est absente de l’appel d’offres lancé par l’OAIC en janvier pour mars prochain.
L’Algérie reste un gros importateur de blé tendre, durant la dernière saison, le pays a enregistré une forte baisse de sa production céréalière en raison notamment de la sécheresse. Dans ses prévisions d’août dernier, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) prévoyait une baisse de 38% de la production algérienne de céréales, en raison notamment la sécheresse qui marqué l’année 2021. Pendnt ce temps, l’organisation onusienne prévoyait aussi une augmentation des importations algériennes de céréales, essentiellement de blé, qui devraient connaître une hausse de 25% par rapport à l’année passée et de 7% au-dessus de la moyenne durant la saison de commercialisation 2021/2022.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a relevé récemment un déficit en matière des quantités de céréales collectées. Le ministre a indiqué que les quantités de céréales collectées au niveau de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ont atteint 13 millions de quintaux de blé tendre et dur.