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Alger

La nouvelle dépréciation du dinar, une option très aléatoire

Le gouvernement persiste dans sa démarche portant dépréciation de notre monnaie nationale afin, justifie le premier ministre Aimane Benabderahmane, d’entrer dans un mécanisme financier réel à même de mesurer la « concurrentiabilité » de notre économie. L’idée n’est pas sotte en soit, mais vu les particularités de notre appareil productif et la singularité de notre structure sociologique, la dépréciation s’avère d’autant plus nuisible que néfaste d’une manière globale. 

En effet ; la variation du taux de change impacte inévitablement les économies d’une manière générale et celle de notre pays particulièrement attendu que notre système économique repose à plus de 80% sur le flux de l’import/export: un dinar faible présente plus d’inconvénients que des avantages. 

Concrètement, quand le taux de change du dinar se déprécie, le prix des produits importés grimpe et baisse paradoxalement pour les étrangers. Cela pouvait soutenir les exportations et par ricochet la croissance si notre appareil productif était assez fort pour faire augmenter significativement les exportations algériennes et si, au pire des cas, notre pays était avancé dans le domaine du tourisme. Mais le raisonnement ne s’arrête pas là, car il ne faut perdre de vu que quand le dinar se déprécie, les produits que l’Algérie exporte coûtent moins cher et mécaniquement et promptement, les produits importés coûtent plus cher puisque il faut plus de dinar pour en acheter la même quantité. 

A cause de cet effet prix, le solde extérieur se rétréci à très court terme : la valeur des exportations décline avec la baisse du prix, alors que gonfle celle des importations. Paradoxalement, à moyen terme, c’est différent puisque la dépréciation entraîne un effet volume, car elle influe sur les quantités importées et exportées. 

Dans la mesure où les consommateurs achètent des biens étrangers devenus plus chers, les ménages perdent en pouvoir d’achat ou alors, si c’est possible, substituent des biens domestiques aux biens étrangers. En outre, et comme les biens étrangers comme biens d’équipement ou biens intermédiaires dominent le marché national à défaut d’une industrie locale palliative, les entreprises voient leurs coûts augmenter, ce qui les incite à en acheter moins, comme c’est le cas pour les matières premières de certaines industries entraînant donc des pénuries à répétition.

On constate aujourd’hui que la dépréciation de  notre monnaie nationale avait initialement eu tendance à dégrader le solde extérieur, et elle n’a pas amélioré la balance des paiements non plus.

Si le gouvernement tablait sur l’effet volume pour compenser l’effet prix, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit particulièrement ample et durable vu que les exportations hors hydrocarbure de l’Algérie se font pour l’essentiel à destination des pays africains dont le systèmes des échanges demeure dominé par la logique du troc, si bien que nos exportations  ne sont pas affectées par le taux de change. En plus, les produits nationaux sont loin voir très loin d’être entièrement substituables aux produits étrangers; la majorité des importations de notre pays restent incompressibles à moyen terme, notamment celles de matières premières.

A cela s’ajoute le les comportements de marge des entreprises dont les distributeurs qui commercialisent les biens importés peuvent rogner sur leurs marges pour contenir la hausse de leur prix, ce qui conduit à une moindre réduction des importations. Pendant ce temps et d’une manière machinale, les exportateurs sont éternellement tentés d’en profiter pour accroître leurs marges en relevant leurs prix, ce qui conduit à une moindre hausse des exportations. 

Aussi lorsque l’inflation importée, dixit Kamel Rezig, ministre du commerce et de la promotion des exportations, gonfle les coûts de production des entreprises importatrices qui répercute les surplus de coûts sur les produits pour préserver leurs profits, d’où une nouvelle accélération de l’inflation.

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