« Adopter une déclaration sur une vision conjointe pour 2030 » : tel est l’objectif que s’est donné le 6e sommet UE-Afrique, qui s’est tenu jeudi 17 et vendredi 18 février à Bruxelles. Une réunion entre les 27 et l’Union africaine pour « réinventer une relation » et affronter des défis communs quelques heures après l’officialisation par la France et ses alliés de leur retrait militaire du Mali.
Voilà en résumé ce qui a été dit. Mais voyons d’abord, ce qui a été annoncé, ce qui s’est fait, et surtout ce qui n’a pas été dit et a été occulté durant ce Sommet.
En fait, le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne et de l’Union africaine de Bruxelles a marqué pour les Européens une étape cruciale, puisqu’ils étaient pris entre plusieurs impératifs ; ainsi, pour l’Union européenne l’ambition était de refonder la relation entre l’Union européenne et l’Union africaine, de poser les jalons d’une coopération renforcée avec les Africains, en définissant une vision commune des défis qui se posent à nos deux continents, et de mettre en place avec l’Afrique une alliance ambitieuse et tournée vers l’avenir, qui doit permettre de bâtir un espace de solidarité, de sécurité, de prospérité durable et de stabilité.
Il s’agissait d’abord – et surtout – de définir un « New Deal économique et financier » avec l’Afrique, et d’accompagner l’Afrique dans ses politiques de relance après la pandémie, dans la continuité du sommet sur le financement des économies africaines du 18 mai 2021 et des travaux du G20 de Rome, avec une attention particulière pour la formation et l’emploi des jeunes.
En matière d’investissements, conformément aux demandes africaines, l’Europe a promis d’accroître significativement ses investissements dans les infrastructures, notamment dans le domaine des transports, de la transition énergétique, de la transition numérique et du développement de productions alimentaires dans le cadre de la Grande muraille verte.
En matière de paix et de sécurité, l’objectif est d’appuyer les efforts africains de lutte contre le terrorisme et de soutenir les actions africaines en faveur de la stabilité du continent, à travers aussi bien les opérations africaines de maintien de la paix que le renforcement des capacités.
Toutefois, trop de non-dits et d’arrière-pensées ont agité ce Sommet, à commencer par l’absence remarquable du Mali, qui, à partir de Bamako, a répondu à Macron, en exigeant un retrait « immédiat » des forces militaires et européennes.
Si la déclaration finale a été optimiste et l’UE et l’Union africaine (UA) disent avoir scellé un « partenariat rénové », avec notamment le lancement d’une stratégie européenne d’investissements de 150 milliards d’euros et une aide accrue pour produire des vaccins anti-Covid en Afrique, en sous-sol, les choses ne sont pas une « lune de miel » entre Européens et Africains.
Les Européens – dans le sillage de la France- semblent plus inquiets de la présence des Russes au Mali. Il n’est que lire la presse de l’Hexagone pour s’en rendre compte. L’esprit néocolonialiste est loin d’être oublié. La guerre Occident-duo sino-russe risque d’être plus cruelle sur le sol africain. Gardons l’œil attentif et l’esprit lucide pour s’en convaincre.