Le mémorandum en matière judiciaire signé il y a deux jours à Ryad, entre Algérie et l’Arabie Saoudite, est qualifié par des experts de « très important », voire « décisif ». Venu compléter le cadre d’accords signés entre les deux pays, notamment la Convention de Ryad relative à la coopération judiciaire (1983) et la Convention relative à l’extradition des criminels et des condamnés (2013) », ce mémorandum d’entente vise, selon les termes de l’accord, à « développer la coopération entre les deux parties dans leurs domaines de compétences en matière de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, notamment le crime organisé, le terrorisme, le blanchiment d’argent, les crimes liés à la drogue et la cybercriminalité ».
Il s’agit d’un mécanisme de coopération institutionnelle qui permet l’échange d’informations et d’expertises dans des domaines liés aux compétences des deux parties, la conduite de recherches sur des questions de fond liées à leurs intérêts communs, la soumission de demandes de recherches ou d’enquêtes et la mise en œuvre de l’assistance juridique conformément aux dispositions des accords pertinents signés par les deux pays.
Mais il y a aussi un fait très important, à saisir au vol, pour ceux qui suivent l’évolution politique de l’Arabie et ses liens complexes avec la doctrine officielle de l’Etat, le wahhabisme. Jusqu’à une date récente, pour des raisons historiques dont il serait long d’en expliquer les dessous, le wahhabisme, qui donnait sa légitimité au pouvoir en place, était omniprésent dans les rouages de l’Etat, presqu’encombrant pour l’Etat qui cherchait à s’en défaire à moindre frais.
Depuis les événements du 11/9, il était clair que le wahhabisme était la seule et unique matrice du terrorisme dans le monde : toutes les branches armés et leurs succursales en étaient issues, toutes sans exception ; même celles nées en Algérie durant les années 1990, avant de déborder sur le Grand Sahara et le Sahel.
Il y a quelques mois, les autorités à Ryad tentent de mettre en minorité les cheikhs : certains ont été emprisonnés, d’autres mis sous l’éteignoir ; les plus influents, ceux qui sont réputés être près de la famille royale, comme celle des Al Ach-Cheikh, (descendante des Ibn Abdelouahab), ont été mis en minorité et exclus de la décision politique. Avec MBS, les choses se sont accélérés : la permission donnée aux femmes pour conduire a été la dernière gifle infligée aux tenants de ce courant radicalisme qui a excommunié tout ce qui n’était pas wahhabite et permis la naissance à Al Qaida, l’Etat islamique et leurs appendices.
C’est dans cette logique qu’il faut replacer aussi le mémorandum judiciaire signé il y a deux jours à Ryad ; ce qui implique également que Ryad ne tolérera plus les débordements d’une doctrine, d’une secte qui nuit énormément aussi à l’Arabie Saoudite elle-même (« ikhwan atallah », Juhaymane Al Utaibi, 11/9, OBL, etc.)