S’il fallait encore livrer une preuve de la fragilité des alliances de l’actuelle décennie, la guerre en Ukraine en aura donné la meilleure. Les raisons qui ont conduit les Russes à envahir l’Ukraine sont connues de tous. Ce qui nous intéresse ici, c’est d’observer dans une vue d’ensemble la redistribution des cartes, le remodelage des puissances et l’alignement des alliances.
Derrière le bloc européen, trop de mensonges et de supercheries. Si le président français souhaite voir la France tirer les autres pays européens, cela rentre un peu dans le cadre de la stratégie française de réappropriation du leadership européen, après la sortie d’Angela Merkel, ainsi que dans celle da la campagne présidentielle du président-candidat, qui a de la sorte, beau jeu face aux autres candidats.
L’Allemagne a signifié aux Européens et aux Américains qu’elle ne se débarrassera pas du gaz russe. Il est vrai que tous s’alignent sur une batterie de sanctions anti-russes, mais tous savent que rien ne peut infléchir Moscou, qui joue son avenir dans cette guerre. Hier, le président russe Vladimir Poutine a dit à son homologue français lors de leur appel téléphonique qu’ « il atteindrait ses objectifs soit par la négociation, soit par la guerre ».
Fait révélateur de la volonté de Poutine a « aller très loin » si les conditions le contraignent, la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d’Europe, est passé sous le contrôle des forces armées russes, le 4 mars. Après cela, on va voir si les coups de semonces eupéano-américains auront servi ou non à quelque chose. Des pays européens, même minoritaires, à l’instar de la Moldavie, refusent les sanctions antirusses dans l’intérêt de leurs citoyens
La Chine, autre superpuissance, en retrait, mais discrètement pro-russe, observe que la guerre joue aussi en sa faveur. D’autant que beaucoup de pays, à en croire leurs analystes politiques, souhaiteraient que Pékin met la main à la pâte pour trouver une issue entre les belligérants. Ce qui est déjà un signe que tous, Européens surtout, ne souhaitent pas que la guerre s’englue dans le temps.
Mais pour montrer que cette guerre peut changer de ton, de direction et d’espace, le Mali. Ce pays voisin de l’Algérie, qui a éjecté Barkhane par la porte, la voit frapper à sa fenêtre. Par un « heureux hasard », la Task Force a pu, hier, neutraliser un chef d’Al Qaida au Mali : Yahia Douadji. Un nom qui avait disparu des radars depuis longtemps. Ce qui peut également être décrypté de la sorte : si la Russie « tombe » en Ukraine, elle le sera aussi au Mali, tant tout est intimement aujourd’hui lié.
C’est « de bonne guerre », dira-t-on, avec une pointe de gêne toutefois.