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Alger

« Préparatifs de divorce » entre l’Etat saoudien et le wahhabisme

   L’avènement ressemble à une déflagration d’ampleur 5. Passé sous silence par les médias mainstream, il mérite que l’on s’y attarde, d’autant que l’Algérie a eu, par le passé, à subir les contrecoups terroristes de ce mariage insolite entre l’Etat saoudien et la secte wahhabite.

   Il y a trois jours, sur les colonnes de « L’Exprees », nous avons applaudi le récent mémorandum algéro-saoudien et qualifié le pas de « décisif » dans le contexte le régent de l’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Selman, qui cherche à détacher les institutions de l’Etat de la doctrine de Mohamed Ibn Abdelouahab, mais en marchant sur la pinte des pieds, tant le terrain sur lequel il a posé pied est miné.

  Dans un entretien livré il y a peu de jours, au quotidien britannique « The Independent », le prince héritier et homme fort du royaume saoudien revient à la charge pour encore plus « déshabiller » le wahhabisme. Mohammad ben Salmane (MBS) a-t-il ouvert la boîte de Pandore ? En tous cas, les réformes entreprises secouent la vie politique et économique en Arabie saoudite et tendent les relations entre le pouvoir et l’establishment religieux wahhabite.

En réalité, depuis une dizaine d’année, les réformes entreprises par Ryad tendaient à disqualifier la doctrine wahhabite ; entre 2010 et 2019, nous avons assisté à plusieurs coups de balai dans la vie quotidienne saoudienne : rétrécissement des pouvoirs sans limites de l’Instance moralisatrice, « amr bil maârouf wa nahy âla mounkar », autorisation de diffuser des chansons dans les restaurants, ouverture des salles de cinéma, fermées depuis 34 ans, levée de l’interdiction de conduire aux femmes, qui perdurait depuis plusieurs décennies, etc.

Mais récemment, MBS est allé encore plus loin, frappant au cœur même de la doctrine, en affirmant que Mohamed Ibn Abdelouahab n’était qu’un imam parmi d’autres, que l’histoire de l’Etat saoudien avait été falsifié par les historiens wahhabites, proches de la secte, et que désormais, aucune instance n’avait le droit d’interdire quoi que ce soit s’il n’est mentionné dans le Saint Livre. Pour ceux qui connaissent la trajectoire du wahhabisme et ses liens puissants et complexes avec le pouvoir, autant dire qu’il s’agit là d’un événement d’une extrême portée et dont les effets seront considérables, à commencer par l’affaissement des cheikhs wahhabites, qui doivent ressentir cette rupture de confiance comme une « mise à la retraite forcée».

Ceux qui ont eu un jour à se pencher sur la matrice terroriste en Algérie, savent à quyoi s’en tenir. Dans les maquis algériens, les livres d’Ibn Abdelouahab, qui avait excommuniqué tout le monde hormis sa secte, étaient omniprésents : « les Trois Principes », « kachf Choubouhate », « le Livre de l’Unicité », « les Quatre Règles », « Moufid al-moustafid », etc. passaient de main en main. Ces livres sanctionnaient tous ceux qui n’adhéraient pas à la secte de l’anathème d’excommunication et qualifiaient de polythéistes, impies ou renégats la communauté des musulmans, ouvrant, de ce fait, la voie au « djihad intérieur ».  

De toute évidence, on est en droit de s’attendre à d’autres « mesures complémentaires », pour couper les ongles de la secte, dont premièrement, l’urgence de cesser de livrer, gratuitement, des tonnes de livres d’Ibn Taymiya (la face théorique de l’excommunication) et d’Ibn Abdelouahab (son complément et  exécuteur des « hautes œuvres ») aux pèlerins, algériens ou autres, de retour dans leur pays après l’avènement du hadj de chaque année. 

Rappelons succinctement que tous les groupes, sans exception, ainsi que leurs chefs et pontifes, ont été biberonnés au wahhabisme, considéré comme seule et unique secte kharédjite productrice de terrorisme. Boucher cette source c’est arriver à tarir les générateurs de la violence armée au nom de l’islam. 

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