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Pourquoi l’agriculture saharienne constitue une solution durable

Dès qu’on se penche sur la question de mettre en place une politique agricole susceptible d’asseoir les bases d’une agriculture durable en Algérie, l’on ne peut éluder de reconnaître les dangers qui guettent l’agriculture algérienne et que tendent à perpétuer, lorsqu’ils ne l’aggravent pas carrément ; les pertes de terres agricoles au profit du béton, la mauvaise évaluation du foncier agricole et les changements climatiques qui deviennent de plus en plus inquiétants

Dans ce contexte, Définir une stratégie à adopter par l’Algérie afin d’assurer sa sécurité alimentaire sans pour autant perdre du temps, surexploiter ses ressources hydriques et ne pas tomber dans le piège d’une agriculture intensive non productive, ne peut se faire en dehors de l’urgence de mettre le cap vers le développement de l’agriculture oasienne, et la mise à contribution des outils technologiques pour optimiser sa rentabilité.    

C’est en tout cas ce qui a fait l’unanimité chez les experts et universitaires qui ont fait part à la journée d’étude organisée par le Think-tank Filaha-Innov et l’association agroécologique Torba, en marge du salon international de l’agriculture, SIPSA-FILAHA, qui s’est tenu à Alger du 14 au 17 mars.

En effet ; il reste reconnu qu’en général l’agriculture oasienne reflète l’ingéniosité d’une société ayant pu vaincre un milieu hostile et défavorable au peuplement. Dans notre, cette agriculture traditionnelle a été bouleversée par l’introduction des emplois non-agricoles, qui ont perturbé la stratification sociale établie. 

Une nouvelle politique de mise en valeur agricole a été instaurée depuis 1983 afin de remplacer l’agriculture traditionnelle considérée comme peu rentable et ne pouvant faire face à de nouveaux problèmes aggravés par le manque de main-d’oeuvre, le déclin des systèmes hydrauliques à foggaras, entre autres,  et de lancer les régions arides dans une phase de production céréalière en niant l’organisation sociale féodale antérieure. Depuis, l’intérêt de l’État pour cette agriculture moderne s’est manifesté essentiellement par différentes subventions. 

Tout cela s’est traduit par un recul accéléré de l’agriculture oasienne au profit de l’emploi dans les services et l’administration, ou dans les nouvelles exploitations créées dans les nouvelles zones de mise en valeur agricole. Cependant, plus récemment, certaines transformations commencent à voir le jour dans des oasis auparavant en difficulté. Dans une période où l’emploi tertiaire est saturé et où les aides de l’État s’affaiblissent progressivement, les oasiens ont décidé de s’adapter en tentant de retourner au travail de la terre dans les palmeraies délaissées, tout en s’orientant vers des cultures rémunératrices. 

On observe ainsi non pas une concurrence de l’agriculture moderne avec l’agriculture oasienne, mais le développement d’une autre vision, fondée sur la recherche du profit, aussi bien dans l’agriculture saharienne considérée comme moderne que dans celle considérée comme traditionnelle.

Aujourd’hui, il s’avère que le vrai potentiel de l’Algérie est dans l’agriculture oasienne, qui existait déjà et délaissé d’ailleurs. Les oasis ont cette capacité de pouvoir assurer une sécurité alimentaire, durable et saine. Paradoxalement, ce qui se fait actuellement au Sud n’est pas une voie durable pour l’Algérie.

L’agriculture oasienne caractérisée par ses écosystèmes souvent fragiles, mais recélant des potentialités avérées à travers des générations, s’avère être capable de persister dans une économie de marché. De l’avis partagé par la majorité des spécialistes, au jour d’aujourd’hui, l’important  est de se pencher sur la question de savoir quelles sont les contraintes qui entravent l’émergence d’un des systèmesde production oasien améliorés et intensifs en Algérie 

Les spécialistes ayant pris part à la journée d’étude organisée en marge du salon international de l’agriculture, SIPSA-FILAHA ont évoqué sept systèmes de production qui sont identifiés, avec une variabilité dans les ressources, les stratégies et les marges d’amélioration. Des tendances évolutives positives, pouvant être davantage consolidées, pour peu que soient réunies, les conditions d’un encadrement efficace d’ordre technique, financier et organisationnel ont également été identifiées.

L’histoire des agricultures développées nous enseigne que la modernisation des structures et des modes de production a été orientée et soutenue par l’Etat. Même dans les politiques les plus libérales, on a toujours tordu le cou au principe libéraliste pour le secteur agricole et les larges subventions publiques ont toujours caractérisé ce secteur. 

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