Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken est attendu demain à Alger après une tournée en Israël, en Palestine et au Maroc. Intervenant dans un contexte de reconfiguration du Nouvel ordre mondial, de crise énergétique et alimentaire consécutive à la guerre en Ukraine, cette visite, au-delà des sujets de discussions indiqués dans le communiqué du département d’Etat américain, traitera certainement et surtout des sujets qui fâchent : le gaz, le Sahara occidental, la Palestine. Les Etats-Unis qui livrent via l’Ukraine et l’OTAN une guerre sans nom à la Russie font tout pour aligner tous les pays sur leurs positions et les pousser à agir dans le sens des intérêts occidentaux.
La fin de non-recevoir qu’à opposé dernièrement l’Algérie à la demande américaine d’augmenter l’acheminement de gaz vers l’Europe en rouvrant le gazoduc Maghreb-Europe qui passe par le Maroc, n’est pas du goût de l’Oncle Sam pour qui, ses demandes sont des ordres pour de nombreux pays. Et ce n’est pas seulement ce sujet qui fâche les Américains. Les bonnes relations de l’Algérie avec la Russie et la Chine, ses positions immuables envers les questions palestinienne et sahraouie, son refus de toute normalisation avec Israël tant que la question de la Palestine n’est pas réglée, son combat pour l’unification des pays arabes et le renforcement de L’Union africaine…sont autant de motifs qui agacent les Etats-Unis et qui expliquent son dernier ballet diplomatique à Alger.
L’Algérie fidèle aux principes qui ont forgé sa révolution n’a jamais versé dans l’hypocrisie diplomatique, ni dans les connivences souterraines, encore moins dans des alliances contre nature. L’Algérie qui est auréolée par une double victoire contre le colonialisme et contre le terrorisme, a toujours affiché son soutien aux peuples en lutte pour la libération du colonialisme et de la dépendance économique. Elle ne va pas délaisser quoi qu’il en coûte ce qui fait sa noblesse diplomatique.
Dans ce conflit russo-ukrainien où elle est impliquée malgré elle en raison de son pétrole et de son gaz, elle fait preuve d’une extrême prudence. Et elle a amplement raison. Elle ne permet à personne de lui dicter la marche à suivre. L’Algérie a de bons rapports tant avec les Russes qu’avec les Américains et les Européens et rien ne la force à se ranger derrière les uns contre les autres. Position très délicate, certes, mais elle doit veiller à son maintien. En tout cas, si Antony Blinkin est venu pour la coopération commerciale et la sécurité dans la région, il repartira satisfait de sa visite; mais s’il est venu pour faire des pressions et trouver illico presto pour les pays européens d’alternatives aux importations de gaz russe, ou inciter l’Algérie à prendre position contre Poutine, on peut lui garantir d’emblée qu’il repartira bredouille.