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Ce qu’il faut retenir de la tournée Machrek-Maghreb d’Antony Blinken

Dans un éditorial publié sur « Chronique de Palestine », le journaliste et politologue palestinien Abdel Bari Atwan relève très justement des signes du “divorce” imminent entre les États-Unis et les pays du Golfe. Il est vrai que l’accent mis par Atwal demande à être modéré, mais les signes sont là, visibles, et qui exigent explications. Tant sur le ralliement « inconditionnel » recherché par les Américains pendant la guerre en Ukraine, ralliement pro-occidental, donc antirusse, que pour les demandes concernant une surproduction en gaz et en pétrole pour disqualifier le gaz russe, la Maison-Blanche a été diplomatiquement boudée par des pays en développement, ou qui cherchent à s’émanciper de la tutelle étatsunienne. Et qui étaient censés être ses meilleurs alliés. On pense notamment à l’Arabie saoudite et au Qatar. On pense aussi au Pakistan, qui envoyé balader l’Occidentaux en maintenant ses relations privilégiées avec Moscou ; de même, l’Inde, en pleine guerre d’Ukraine, affiche ses « choix russes ». On pense aussi au Mali, qui coopère aujourd’hui avec les Russes avec des résultats sécuritaires époustouflants (même s’il faut les prendre avec précaution).

Nous avons là, sous nos yeux, un paquet d’indices qui met les États Unis en position indélicate face à la Chine et à la Russie. Cette dernière, n’en démord pas, et affirme atteindre ses objectifs « soit par la négociation, ce qui est souhaitable soit par la force, et là ce sera la faute des Occidentaux ».

Cette avancée militaire russe, appuyée diplomatiquement et discrètement par les Asiatiques, définit un schéma de recul américain flagrant. 

C’est surtout dans cette perspective qu’il faudrait replacer la tournée du secrétaire d’État américain Antony Blinken au Proche-Orient et au Maghreb,  entamée quatre jours plus tôt à Tel-Aviv, et qui s’est achevée à Alger, le 30 mars. 

Il est évident que les États-Unis étaient soucieux de rassembler leurs alliés pour faire bloc face à la Russie. Pour prévenir à une guerre plus diluée dans le temps et l’espace, avec des débouchées sur la Méditerranée, via Gibraltar, Washington, par la voix de la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman, avait, le 10 mars, demandé à l’Espagne de mettre fin au conflit avec son voisin du Sud. 

Selon un communiqué officiel, Antony Blinken a abordé avec le président Abdelmadjid Tebboune, «la sécurité et la stabilité régionale, la coopération commerciale ainsi que la situation des droits humains et des libertés fondamentales ». Le gaz n’a pas été au menu. Preuve en est, est qu’aujourd’hui Alger fait savoir par divers canaux qu’elle pourrait revoir les contrats gaziers contractés avec ses partenaires, l’Espagne en tête.

Pour les Etats Unis, l’Algérie demeure le partenaire régional stratégique de la Russie par excellence. Donc, au plus, Antony Blinken pourrait avoir plaidé la cause de l’Ukraine et une plus grande neutralité. Alger lui a rappelé surtout les agressions ininterrompues du Maroc. Manière de lui faire savoir que c’est surtout le soutien américain et occidental au Maroc qui le pousse à en rajouter une couche à chaque occasion. 

   La question sahraouie a été soigneusement esquivée, Blinken faisant part aux Algériens de l’appui de Washington à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, et au « processus politique » sous l’égide des Nations unies. En définitive, un résultat mi-figue mi raison pour cette tournée, mais qui pourrait tourner au fiasco si la guerre en Ukraine prend fin avec les conditions posées par Moscou. Là, beaucoup de choses changeront, en défaveur des Américains, évidemment.

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