Lors de la cérémonie du lancement du mois du patrimoine organisée lundi passé au palais de la culture Moufdi Zakaria, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji a déclaré qu’il est impératif de revoir la politique de préservation du patrimoine. Elle a entièrement raison au regard de la situation lamentable où se trouve actuellement ce riche patrimoine. Qu’il soit matériel, naturel ou immatériel, ce patrimoine, témoin de notre histoire millénaire et miroir de notre identité n’est pas entouré des soins qu’il mérite. Dans pratiquement chaque parcelle du pays des vestiges et des sites chargés d’histoire et rayonnant de beauté sont laissés à l’abandon et au vandalisme sous l’œil impassible des pouvoirs publics.
Pourtant, aussi bien sur le plan juridique que sur le plan financier, l’Algérie n’a pas été avare et a offert ce qu’elle pouvait pour protéger et promouvoir ce patrimoine. En 1974, elle a ratifié la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. Elle s’est démenée pour inscrire sept sites au patrimoine mondial et classer des centaines d’autres comme biens culturels protégés cependant, il est constaté une négligence et un laisser-aller criards dans l’entretien de ces sites.
C’est un fait qui est relevé par tous : en Algérie, question protection du patrimoine, on classe, on investit et …on abandonne ! D’où nous vient cette tendance à faire les choses à moitié, à investir des sommes faramineuses dans des chantiers patrimoniaux qu’on laisse ensuite à la dégradation et au pillage ? Les politiques mises en place dans ce sens depuis les années soixante-dix, menées par des responsables incompétents et sans grande connaissance de la valeur de notre patrimoine, sont en grande partie responsables de ce gâchis qui ne dit pas son nom. Beaucoup d’argent a été injecté dans des opérations de réhabilitation et de sauvegarde de notre patrimoine, mais sans grand résultat. Quand on sait que les sites inscrits au patrimoine mondial risquent une déclassification en raison de leur abandon, on mesure l’étendue du laisser-aller dans la prise en charge et la valorisation de notre patrimoine.
L’édition du mois du patrimoine de cette année qui a pour slogan «notre patrimoine immatériel, identité et authenticité» doit être l’occasion pour tous les acteurs en charge du secteur de penser comme l’a souligné la ministre de la culture à de nouvelles stratégies pour la mise en évidence de notre patrimoine et par là notre identité culturelle. Gouvernement, chercheurs et citoyens… tout le monde est concerné par cet effort national de sauvegarde et de valorisation de notre héritage patrimonial.