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En temps de guerre d’Ukraine, les affaires continuent

Aussi curieux que cela puisse paraître, les affaires, en plein guerre d’Ukraine, continuent. A commencer par l’Ukraine elle-même, dont le contrat gazier avec la Russie demeure fonctionnel jusqu’en 2025. En fait, les sanctions économiques ne sont pas trop importantes pour peser sur quoi que ce soit. Au contraire des effets attendus, la Russie s’en tire fort bien avec un pactole jamais atteint, suite à la hausse des prix du baril sur les champs pétroliers. Du jamais-vu depuis la fin de l’ère soviétique: l’excédent de la balance courante de la Russie a bondi à 58,2 milliards de dollars au premier trimestre, un montant historique équivalent à environ 10% des réserves de changes de la Banque centrale de la Fédération de Russie (609 milliards de dollars au 8 avril dernier, avant déduction de la part sous le coup de sanctions ou de mesures de gel). C’est la revanche de la Russie sur les Etats Unis, suite aux menées américaines pour saper le projet Nord Stream (un système de deux gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique) ardemment combattu par Washington. 

Toujours en Russie, des sociétés françaises résistent aux secousses et préfèrent rester sur place, car à la fin de la guerre, les places seront prises et impossible alors, de retrouver sa place sur le marché russe. Auchan en est le parfait exemple, et le PDG d’Auchan Retail International, Yves Claude, bataille pour résister aux appels des Occidentaux. Les Allemands aussi rejettent toute rupture de gaz avec Moscou et comptent sur le temps pour que le conflit se tasse. 

On voit bien, par exemple, comment la position de la France n’est pas totalement hostile à la Russie ; c’est même le pays occidental le plus proche de Moscou, on l’a vu lors des différents contacts Poutine-Macron. En réalité, la France n’oubliera jamais le coup de poignard dans le dos perpétré par les Etats Unis avec l’Australie et qui lui a fait perdre 50 milliards de dollars australiens dans l’affaire des sous-marins de Naval Group. La France n’oubliera pas non plus le coup fourrée des Américains pour faire main-basse sur Alstom, achetée au rabais après les sanctions tordues de la justice américaine envers la société française 

Pendant ce temps de guerre et de disette, les Chinois « achètent » à tout-va les matières premières, sans compter. Ils savent que bientôt le conflit prendra fin et que certaines économies du monde seront « à terre ». Même les Etats Unis seront obligés de passer par la Chine pour s’approvisionner et relancer leur économie. D’autant que le gaz américain pour l’Europe n’est pas totalement acquis ; 30 fois plus cher que celui des Russes, et de plus, « grand pollueur de l’environnement », le gaz américain n’a pas encore fait le grand saut vers l’Europe. Les petits calculs de l’épicier du quartier sont à ce sujet aussi efficaces que les grandes stratégies économiques des Etats puissants ; aussi, les Européens ne semblent pas prêts à débourser pour le gaz de schiste américain d’aussi grandes sommes, qui prendraient en ligne de compte le gaz, les personnels engagés, les méthaniers et la longue, très longue distance qui traverse tout l’Atlantique.

Les Africains trouvent finalement leurs comptes dans cette guerre Etats Unis-Russie par Otan et Ukraine interposés. Pour une fois que la guerre ne se déroule pas sur leur propre sol, ils observent les événements de loin. Ainsi, plusieurs pays européens sont venus chercher secours et réconfort en Afrique. Des pays comme l’Afrique du sud, l’Egypte, l’Algérie et le Nigeria trouveront leur compte dans ce déplacement des centres d’intérêt. 

En affirmant qu’elle ne sanctionnera pas le peuple espagnol pour le revirement de son gouvernement, l’Algérie s’assure des revenus stables et en même temps honore ses engagements commerciaux internationaux. De même qu’avec l’Italie. Si une bonne partie de l’Europe cherche aujourd’hui à s’approvisionner en Algérie, c’est du pain béni pour Alger, et c’est tant mieux. Et cela ne nuira ni n’incommodera les excellentes relations algéro-russes. 

En réalité, nous sommes face à une compétition mondiale où personne ne fait de cadeau à personne, et heureux celui qui sait tirer son épingle de ce jeu de Monopoly. 

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