Le colloque national intitulé «L’eau au cœur des conflits internationaux : le cas de l’Afrique», organisé dimanche dernier par l’Institut des hautes études de sécurité nationale a révélé l’importance de l’eau dans le développement économique, la santé publique et la sécurité nationale des Etats. Actuellement, selon les statistiques de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) plus de deux milliards de personnes dans le monde souffrent de pénuries fréquentes d’eau. Situation qui, selon les prévisions des experts internationaux, va s’aggraver d’ici quelques années pour toucher plus de 5 milliards de personnes si des stratégies prospectives ne sont pas mises en place dès maintenant afin d’assurer l’exploitation rationnelle de l’eau.
En Algérie, en mars 2021, où il est observé dans les différents barrages d’eau, des niveaux de réserves très bas, les pouvoirs publics ont lancé, sous le slogan « éco-eau », un programme national de lutte contre toute forme de gaspillage d’eau. Cet ambitieux programme devant être mené conjointement par les autorités locales, les éléments de l’ADE, les associations, les comités de quartier, les médias locaux, censés mettre de l’ordre dans l’exploitation anarchique de cette ressource …n’a malheureusement pas fait long feu ! C’est dire que les stratégies en Algérie ne manquent pas, mais leur application sur le terrain fait défaut.
Le laxisme, le bâclage, les retards observés dans la gestion des projets fait que quelque ambitieux que soient les programmes lancés, ils auraient peu de chance d’atteindre les résultats escomptés ! Nous avons à plusieurs reprises répété sur ses colonnes que la bonne gouvernance, c’est d’abord la prévoyance et l’anticipation. On ne le dira jamais assez, gérer, c’est prévoir ! Chez nous, il y a une tendance au laisser-aller et à gérer au jour le jour. Depuis des années, on parlait du sujet de l’accès à l’eau et des menaces sécuritaires et économiques liées à cette ressource vitale mais qu’a-t-on fait concrètement en matière de stratégie nationale de sécurité hydrique ? En 2019, l’Algérie est classée par « World ressources institute », comme 29e pays le plus touché par la sécheresse et la rareté de l’eau mais peu de mesures concrètes ont été prises pour y faire face. Même la question des déperditions et du gaspillage n’a pas été résolue. Comme recommandé par le colloque, l’Algérie est tenue d’adopter en urgence une stratégie nationale de sécurité hydrique en phase avec les évolutions et les exigences du moment. Cette stratégie qui doit bien sûr être mûrement réfléchie et appliquée à la lettre doit porter également sur la sécurité hydrique des générations futures ! Les menaces engendrées par les pénuries de l’eau sont multidimensionnelles et tout doit être mis en œuvre ici et maintenant pour les éviter. Les guerres autour de l’eau ne sont pas loin.
