Brahim Guendouzi revient, dans cet entretien, sur les principales dispositions contenues dans le nouveau projet de loi sur l’investissement, expliquant que la liberté des flux d’investissement est le vrai « moteur de la croissance ». Et, d’ajouter que l’Algérie a « énormément besoin d’investissements productifs pour consolider son tissu économique ».
L’Express Algérie : Le projet de la nouvelle loi relative à l’investissement a été examiné et adopté en Conseil des ministres. Quelle lecture en faites-vous ?
Brahim Guendouzi : Dans tout pays, l’investissement est le moteur de la croissance économique. L’Algérie a énormément besoin de flux d’investissements productifs pour consolider son tissu économique. D’où la volonté de consacrer une loi à l’investissement qui cristallise l’ensemble des garanties à offrir aux porteurs de projets tant sur le plan juridique que celui des procédures. Au demeurant, la stabilisation du cadre macroéconomique reste un préalable pour pouvoir enclencher des investissements massifs. Or, le contexte économique actuel caractérisé par une inflation, est susceptible de devenir un handicap pour de nombreux investisseurs qui pensent que leurs anticipations en termes de rentabilité vont être faussées par la persistance de la hausse des prix au niveau national, mais également à l’étranger du fait que l’économie algérienne soit extravertie. Aussi, pour qu’elle soit efficace dans son application, la loi sur l’investissement doit être adossée à une politique économique de stabilisation des prix.
L’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) a changé d’appellation pour devenir l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, dont le rôle est de promouvoir et d’accompagner les investissements à travers la création d’un guichet unique à compétence nationale, pour les grands projets et les investissements étrangers. Dans quelle mesure cela pourrait-il aider à dynamiser le secteur de l’investissement ?
Le guichet unique sert d’interface avec les porteurs de projets. Plus ses prérogatives sont larges et précises, et plus son action gagnerait en efficacité et célérité. Il sera jugé sur cet aspect-là. Sachant qu’en Algérie, il existe de nombreux verrous qu’il faudra faire sauter pour rendre l’acte d’investir aussi fluide que possible, c’est-à-dire être à l’écoute des porteurs de projets et non pas otage d’une réglementation plus ou moins rigide. La nouvelle agence de promotion de l’investissement aura donc à déployer des efforts considérables afin de lever l’ensemble des contraintes qui bloquent l’investissement productif particulièrement le foncier industriel, le financement bancaire, la réglementation des changes, un système fiscal complexe, l’environnement administratif sclérosé, etc. Compte tenu de l’expérience passée, l’on s’interroge d’ailleurs sur la manière dont sera outillée cette agence pour se hisser au standard international en matière d’accompagnement des projets d’envergure nationale et des IDE. Les incitations à mettre en œuvre seront-elles suffisantes pour attirer des investisseurs potentiels exigeants même si des opportunités d’affaires ne manquent pas en Algérie ?
Une attention particulière est portée à la dématérialisation des procédures. Pensez-vous que cela contribuerait à débureaucratiser le processus d’investissement ?
La meilleure façon pour contrer la bureaucratie reste effectivement le recours à la numérisation des procédures. Des expériences récentes dans différents domaines l’on montré et ce, à la satisfaction de tous les concernés. Consacrer un portail électronique à l’acte d’investir apporterait la transparence, la célérité, l’efficacité et surtout de la confiance. Ceci est essentiel et c’est ce qui est, d’ailleurs, recherché par tout investisseur, au-delà des avantages offerts. Cela peut faire accélérer aussi le processus de numérisation au niveau de toutes les administrations afin qu’elles se mettent au diapason de la nouvelle exigence en matière économique. D’ailleurs, la loi sur l’investissement qui vient d’être adoptée en Conseil des ministres, contient même une disposition de type dissuasif à l’encontre de toute action implicite ou explicite de blocage touchant à l’investissement.
A votre avis, quels sont les éléments qui ne correspondent pas à ce que souhaiteraient les opérateurs économiques ?
En premier lieu, la stabilité juridique est une préoccupation que les investisseurs ont régulièrement soulevée pour plus de visibilité dans l’évolution de l’économie nationale. En second lieu, la question de l’information économique reste toujours posée. Plusieurs institutions publient des statistiques « au compte-gouttes » et à des intervalles irréguliers, qui ne permettent pas aux opérateurs économiques de faire des anticipations touchant leurs activités. Enfin, le problème de l’investissement à l’étranger des entreprises algériennes pour cause de contrôle des changes, reste toujours posé. Autrement dit, une entreprise performante et compétitive n’a pas le droit à aspirer à l’internationalisation de ses activités par la détention d’actifs à l’étranger.