Dans un contexte de pré guerre marqué par un conflit planétaire États Unis-Russie, par Europe interposée, les pays européens, maillon faible de la guerre qui se déroule sous nos yeux, ont pris tout de suite position avec Madrid, après la décision de l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié avec l’Espagne.
Fragilisé par la guerre qui se déroule en son sein, l’Europe fait bloc pour résister aux aléas de la crise, car une rupture des stocks énergétiques en Espagne va se déteindre sur les autres pays voisins, liés par des pactes de coopération et d’entraide mutuelle. C’est dans le rôle des pays de l’Union. En qualifiant la décision de l’Algérie d’«extrêmement préoccupante», l’Europe s’exprime le fonds de sa pensée, sauf que les préoccupations dont elle s’effraie sont également d’un autre ordre. Ce qui, par contre, n’est pas dans la logique de l’évolution politique, c’est cette propension à revenir aux blocs issus de la guerre froide, avec un penchant vers l’ouest et une tentative de trouver grenier chez les pays du sud.
Rappelez-vous : le 18 août 1960, à Washington, lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, Eisenhower donna l’ordre de procéder à l’élimination du premier ministre congolais Patrice Lumumba. Les causes ? La «peur rouge» dominait les esprits, hantés par le fiasco cubain en baie des Cochons, le mur de Berlin et le Congo dans le collimateur de l’URSS. Il était hors de question que l’Occident laisse les ressources en matières premières de l’Afrique tomber entre les mains des «soviets».
Dans cette perspective, l’Algérie a déploré la position de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de la crise avec l’Espagne. « La mission de l’Algérie auprès de l’Union européenne déplore la précipitation avec laquelle la commission européenne a réagi sans consultation préalable, ni vérification aucune, auprès de gouvernement algérien; a la suspension par l’Algérie d’un traité politique bilatéral avec un partenaire européen, en l’occurrence l’Espagne, sans s’assurer que cette mesure n’affecte ni directement, ni indirectement ses engagements contenus dans l’accord d’association Algérie-Union européenne », lit-on dans le communiqué de la représentation diplomatique de l’Algérie auprès de l’UE.
La mission de l’Algérie s’est penchée également sur « la prétendue mesure d’arrêt par le gouvernement des transactions courantes avec un partenaire européen », affirmant que cette dernière « n’existe que dans l’esprit de ceux qui le revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser ». Pour ce qui est de la livraison de gaz algérien vers ce pays ibérique, « l’Algérie a déjà fait savoir, par la voix du président de la République, qu’elle continuera à honorer tous ses engagements pris dans ce contexte, à charge pour les entreprises commerciales concernées d’assumer l’ensemble de leurs engagements contractuels », a conclu le même communiqué.