Le Maroc officiel affiche au monde entier sa face monstrueuse. Vingt-trois migrants irréguliers ont trouvé la mort en tentant de franchir l’enclave espagnole de Melilla, selon un nouveau bilan relayé samedi par des médias officiels marocains.
La télévision nationale marocaine « Al Aoula » a rapporté, citant des sources locales dans la province de Nador (nord), que « cinq migrants ont péri, samedi soir ».
La ville sous administration espagnole a été le théâtre vendredi d’une tentative d’entrée massive de près de 2000 immigrés africains
L’Espagne a annoncé, vendredi, que plus de 2 000 migrants ont tenté de franchir illicitement Melilla, enclave soumise à l’administration espagnole dans les territoires du Maroc.
L’enclave espagnole séparée du territoire marocain par une clôture de fer, est connue pour être un point de transit pour les migrants africains vers l’Europe.
Au moins 18 personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont trouvé la mort en tentant de forcer l’entrée du poste frontalier de Melilla, selon un communiqué publié vendredi soir par les autorités de la province de Nador (nord-est).
Les autorités de Melilla ont annoncé qu’au moins 130 migrants sont parvenus à rentrer dans l’enclave espagnole à la suite de cette tentative d’entrée massive.
L’Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta depuis 1580 et sur Melilla depuis 1496, alors que le Maroc les considère comme parties intégrantes de son territoire national.
Les îles Jaâfarines et autres îles rocheuses de la Méditerranée sont également sous administration espagnole.
Cette prise d’assaut de l’enclave espagnole est la première depuis la normalisation mi-mars des relations entre Madrid et Rabat, après une crise diplomatique de près d’un an.
L’Algérie a réagi, dimanche, par la voix de Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère algérien des Affaires étrangères.
Dans une déclaration reprise par des médias locaux, le diplomate a affirmé que les « images de ce carnage sont extrêmement choquantes ». « Elles renseignent sur l’extrême brutalité et l’usage disproportionné de la force qui s’apparentent, en la circonstance, à de véritables exécutions sommaires », a-t-il dénoncé, précisant que l’Algérie réclame une enquête indépendante.
belani a accusé directement le Maroc « d’être responsable de ce drame qui a choqué le monde entier ». Ces événements tragiques « mettent en relief la violation systématique des droits humains de la part d’un État qui a choisi, d’une part, d’instrumentaliser l’épouvantail de la submersion migratoire à des fins de chantage politique et d’autre part, de jouer le rôle de gendarme -contre espèces sonnantes et trébuchantes- dans le cadre de l’externalisation de la gestion des frontières extérieures de l’Union européenne », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : «Les instances internationales et plus précisément le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés doivent diligenter des enquêtes indépendantes et transparentes pour déterminer les responsabilités et faire la lumière sur ces événements tragiques qui ont fait craquer le vernis de la pseudo-approche humanitaire dans la gestion des problèmes de la migration ».
Samedi, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a dénoncé lors d’une conférence de presse «une attaque contre l’intégrité territoriale de l’Espagne ». Il a aussi condamné ce qu’il a qualifié « d’assaut (…) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains contre une ville qui est un territoire espagnol ».
Le chef du gouvernement espagnol a précisé que « la gendarmerie marocaine avait travaillé en coordination avec les forces de sécurité (espagnoles) pour repousser cet assaut si violent dont nous avons été témoins ». « S’il y a un responsable de tout ce qui s’est produit à la frontière, ce sont les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains », a-t-il déclaré.