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La magie littéraire de Akila bellamine

« Elle a ouvert son cahier et a commencé à coucher sur le papier ce qu’elle pouvait. Elle souhaitait d’abord, écrire une autobiographie, mais ne pouvait se décider par quoi commencer. Elle ne se rappelait de rien qui méritât qu’on en parle. Mais aujourd’hui, ell a décidé d’écrire, peut-être laissera-t-elle un ouvrage à la postérité ? 

   « En réalité, elle souhaitait écrire plusieurs ouvrages, mais pour dire quoi ? Les livres peuvent être aujourd’hui, tes amis, et demain tes ennemis. Une journée remplie de lectures jusqu’à l’outrance, puis plusieurs jours, voire des mois sans en lire un seul. 

  Ainsi comment peux-tu aspirer à devenir écrivain quand tu n’as pas la capacité de lire une soixantaine de livres chaque année ? Mais elle veut écrire, point barre. Car c’est peut-être son dernier jour…Qui sait, peut-être qu’elle ne se réveillera plus jamais après l’opération… »

    Ainsi commence le recueil de nouvelles de Akila Bellamine. Quand on l’a lu la première fois, on ne peut pas s’empêcher de penser à Marcel Proust. Même démarche, même écriture non linéaire, qui va et vient, explorant le temps et l’âme, même souci du détail quand ce détail remplit une fonction personnelle intéressante, voire importante. 

Comme pour Proust, en rompant avec la notion d’intrigue, l’écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l’âme. La composition de « La Recherche du temps perdu » en témoigne : les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s’apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l’amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l’existence, et de l’art.

Le style écrit évoque un style parlé, caractérisé par une phrase parfois très courte, parfois longue, qui  varie au gré des sensations. 

« Hayawat » se compose de cinq nouvelles : la vie, Gazala, Fatima, Criminel et La Divorcée. « Hayawat » veut dire « Vies ». Est-ce la volonté de vivre plusieurs vies dans une seule ? One hundred lifes in one life, comme disent les so british ? L’auteure ne nous le dit pas. 

Comme pour Proust, l’œuvre de Akila (qui a déjà un autre recueil de nouvelles, en langue française, cette fois-ci, et que j’ai eu le plaisir de lire ) est aussi une réflexion majeure sur le temps. Comme pour la « Recherche du Temps Perdu », elle permet de s’interroger sur l’existence même du temps, sur sa relativité et sur l’incapacité à le saisir au présent. Une vie s’écoule sans que l’individu en ait conscience et seul un événement fortuit constitué par une sensation — goûter une madeleine, buter sur un pavé — fait surgir à la conscience le passé dans son ensemble et comprendre que seul le temps écoulé, perdu, a une valeur (notion de « réminiscence proustienne »). Le temps n’existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. 

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