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Démonstration de force et géopolitique des coalitions

Présenté comme un sommet historique pour l’avenir de l’Otan, avec plus de 40 chefs d’État et de gouvernement réunis hier, à Madrid pour discuter du devenir de l’Alliance atlantique, il n’aura brillé que par avec deux annonces pour contrarier la Russie, mais également la Turquie, celles de l’intégration de la Suède et la Finlande à l’Alliance et un nouveau renforcement militaire américain en Europe.

La Russie a dénoncé une agressivité croissante de l’Otan, alors que la Turquie, qui avait demandé à la Finlande l’extradition de six membres du PKK et six membres de Fetö, et à la Suède d’extrader dix membres de Fetö et onze du PKK, constate que cela ne se fera pas, tant que les choses n’évolueront pas dans le sens souhaité par l’Organisation du Traité Atlantique.

Depuis Madrid, le président américain Joe Biden a annoncé que les États-Unis allaient « renforcer leur positionnement militaire en Europe afin que l’Otan puisse « répondre à des menaces venant de toutes les directions ».  Estimant que le sommet de l’Alliance militaire « marqué l’Histoire », il a annoncé une présence renforcée de militaires et de capacités américaines en Espagne, en Pologne, en Roumanie, dans les États baltes, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie : « Nous sommes au rendez-vous » et « nous prouvons que l’Otan est plus nécessaire que jamais ».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a estimé de son côté que le sommet de l’Otan démontrait l’agressivité de l’Alliance à l’égard de la Russie, qualifiant en outre l’élargissement à la Finlande et à la Suède de « profondément déstabilisateur ». Le sommet de Madrid « consolide le cap d’un endiguement agressif de la Russie par le bloc atlantique », a dit Riabkov.

Finalement, ni majeur ni décisif, c’était un sommet des alliances et des hostilités. Aucun pas vers la paix, mais surtout, une démonstration de force presque caricaturale face à la Russie, et par ricochet, à la Chine, à un moment où le rapport de forces est en train d’être renversé. Et c’est l’Europe qui va s’en sortir la plus grande perdante d’un bras de fer qui reprend le fil de la guerre froide et le mâtine à la guerre en Ukraine. Le prolongement de la guerre fera encore plus de victimes ukrainiennes et consacrera la destruction de l’Ukraine et les flammes toucheront de toute évidence les pays limitrophes. 

L’action en bloc souhaité par les Etats Unis et l’Otan renseigne sur le recul des puissances, étasuniennes, en premier, qui s’agglutinent au nombre pour agir au nom de la majorité et du droit international, guerroyant par sous-traitance et par des moyens détournés.  Autant de sophismes dont plus personnes n’est dupe aujourd’hui, mais qui sont symptomatiques d’une nouvelle carte qui se déroule sous nos yeux et d’un monde dont plus aucune puissance ne détient tous les leviers.  

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