Pour être réellement souverain, un pays doit produire lui-même le gros de ses aliments, de ses vêtements, de ses armes et de ses médicaments. Sans ce quatuor d’autonomie, un pays, même s’il a d’énormes ressources naturelles, restera toujours dépendant du marché mondial et sera incapable de rompre avec l’exploitation internationale. La crise sanitaire de la Covid-19 et le conflit ukrainien ont offert de sérieuses leçons à ce sujet et ont montré l’insoutenable fragilité des pays qui ont, particulièrement, des secteurs agricole et pharmaceutique chancelants. L’Algérie, otage d’une économie rentière basée à 95% sur les hydrocarbures tente tant bien que mal actuellement de restructurer son modèle économique et de lui donner des assises solides qui ne le feront plus vaciller à la moindre chute du prix du baril de pétrole.
Entreprise, certes difficile, vue les mentalités rentières et bureaucratiques auxquelles s’attachent encore certains responsables à tous les niveaux, mais le défi est relevé et il y a pas mal d’indices qui présagent de sa réussite. La création du ministère de l’Industrie pharmaceutique auquel sont échues les principales missions consistant à couvrir les besoins nationaux en matière de médicaments et à exploiter le surplus, fait justement partie des grands chantiers de cette entreprise de restructuration économique qui donnera au modèle algérien un nouveau souffle et de nouvelles couleurs. La détermination affichée par le Gouvernement à développer une industrie pharmaceutique solide et compétitive et à garantir la sécurité sanitaire de la population est de bonne augure parce qu’elle rompt avec les options politiques d’avant qui n’avaient d’autres objectifs que de détruire la production nationale , de promouvoir le tout-import et de travailler les intérêts étroits de l’oligarchie et de leur clients. Alors qu’elle aurait pu couvrir ses besoins nationaux, si elle avait encouragé la production nationale des médicaments, du blé , du soja…l’Algérie importe actuellement du blé, des produits pharmaceutiques, etc, en milliards de dollars en raison des mauvaises politiques publiques adoptées jusque-là.
Le Président de la République a réitéré à maintes reprises que l’industrie pharmaceutique et l’agriculture font partie des axes majeurs de son programme et dans le plan d’action du gouvernement. L’inauguration à l’occasion du 60eme anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, d’une usine de fabrication d’insuline et d’une unité de production spécialisée dans le développement et la production en full process de médicaments anticancéreux, sont une preuve que l’Algérie est entrée foncièrement dans une nouvelle logique où la primauté est accordé au produit national.